Voici un extrait d'article passé dans la revue "Chroniques du Diois", editée par l'association "Dea Augusta", qui a pour vocation la préservation de l'exceptionnel rempart Romain. Merci au Conservateur du Musée pour sa confiance, et pour avoir publié mon article.
Deux sabres présentant d’apparentes similitudes étaient présentés ensemble dans l’exposition. L’expertise a démontré qu’ils n’étaient pas de même nationalité, l’un étant britannique, l’autre prussien erreur bien pardonnable en raison de la filiation directe qui existe entre ces deux armes.
Le sabre modèle 1796 équipait la cavalerie légère britannique (contrairement à la France, les dragons faisaient partie de la cavalerie légère). Cette arme a été conçue par un officier de cavalerie originaire de Guernesey, John Gaspard Le Merchant. Ce dernier fut un temps détaché dans un régiment de la cavalerie autrichienne. Sa mutation à l’escorte royale, en tant que major au 16e Light Dragoons lui permit d’attirer l’attention du roi Georges III sur son projet. L’arme constitue une synthèse très large puisqu’elle intègre des caractéristiques du modèle autrichien (lui-même fortement influencé par les sabres de l’est de l’Europe), les observations du général Von Seydlitz, chef et formateur de la cavalerie de Frédéric le Grand, et les sabres hindous (Tulwars), turcs, mamelucks, maures et hongrois.
Très légère à manier malgré son poids, en raison de son excellent équilibre, elle était particulièrement redoutée des adversaires par ses effets très vulnérants, dus à la largeur du bout de lame. Sa courbure donnait un avantage certain dans les combats à cheval. De l’avis de nombre d’experts modernes, ce sabre est certainement le plus tranchant jamais fabriqué en grande série. Le seul défaut qui lui fut reproché était la difficulté à l’utiliser dans une charge de cavalerie lourde ; celle-ci fut dont équipée d’un modèle à lame droite.
On dit de ce sabre qu’il a été l’objet d’une « French complaint », une protestation officiellement élevée par les officiers de Napoléon envers les anglais qui utilisaient une « arme de boucher », toutefois les spécialistes, dans divers forums, s’accordent à souligner le caractère légendaire de cette anecdote
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La poignée de ce sabre était le plus souvent en bois recouvert de cuir, parfois, et cela semble être le cas dans le modèle du musée, en bois verni ou en corne. Le fourreau en cuir « a crevés » de ce modèle pourrait indiquer une fabrication pour officier. On en voit passer dans les ventes publiques censés provenir de Bruxelles ou d’une morne plaine des alentours…
Les modèles de troupe parvenus à notre époque sont très rares. Comme nous l’avons vu au sujet des modèles 1889 et ce peut-être une règle générale, les sabres personnels ont plus souvent été conservés, par leur caractère plus ou moins luxueux ils contribuaient au prestige de leurs possesseurs. Notons que ce sabre a connu un vif succès ce qui a amené d’autres pays à en équiper leurs troupes, ainsi le Portugal, la Suède, la Prusse ou encore les U.S.A.
Pendant les guerres napoléoniennes ce sont les Britanniques qui en équipèrent une partie des troupes prussiennes. Ces sabres matricule 1796 ont donné suite aux « Blücher » matricule 1811 de fabrication allemande, dont les premiers modèles identifiés remontent à 1826.
Le sabre prussien est similaire dans la forme, mais on remarque immédiatement la forme du dard du fourreau, les anneaux de bélière plus massifs et la moindre largeur de la lame.
La diversité des modèles prussiens est moindre que pour les modèles anglais puisqu’on recense trois types différents. Ces sabres ont connu une longue carrière, pendant la première guerre mondiale ils étaient portés par des unités de deuxième ligne, bataillons du train, régiments d’artillerie de réserve et colonnes de munitions. Aujourd’hui ces sabres relativement courant sont très recherchés par les collectionneurs en raison de subtiles différences de fabrication et d’un grand nombre de marquages et re-marquages d’unités en lien avec leurs affectations ou réaffectations.La "Blüchermania", Quelque part en Allemagne :
Modèles de troupe, collection
perso privée
Achtung, il y a une Grosse Astuce !
Troupe et Officiers, Mles 1796 et 1811 :
Officiers 1796, dont un Runkel (garnitures laiton, assez exceptionnel), mais c'est une autre histoire :
Des officiers, au fil du Web.
Le plus souvent, lames bleuies au tiers, et garnies de dorures au mercure, la protection des travailleurs (ses) n'était pas encore une préoccupation très ancrée à l'époque).
Et, en haut d'la tour de londres, là où, comme dit la chanson, y'avait un prisonnier, mais où il y a aussi un Musée, avec cette belle serie de 1796, à droite.
A gauche, pour info, sabres de cavalerie lourde, à lame droite.